Homélie du 10ème dimanche ordinaire C (Père Josy Birsens)

Publié le 9 Juin 2013

Homélie du 10ème dimanche ordinaire C (Père Josy Birsens)

Luc 7, 11-17

1. Pour mieux comprendre le récit de l’évangile d’aujourd’hui, il faudrait pouvoir se mettre dans la peau de cette pauvre veuve qui a perdu son fils unique. Quelles pensées, quels sentiments peuvent l’habiter en ce moment de deuil intense ? Les derniers jours ou semaines lui reviennent peut-être à l’esprit où elle a vu son fils devenir malade et souffrir, les forces le quittant peu à peu. Que de prières n’a-t-elle pas adressées au ciel, que de cris ne sont-ils pas sortis de son cœur ? Elle a dû déployer des trésors d’espérance et de force au chevet de son fils, taire ses angoisses et ses doutes pour l’encourager.

Et la voici seule – certes, très entourée pour le moment, mais qu’en sera-t-il ce soir ou dans les jours à venir ? Y a-t-il quelque chose de plus douloureux que de perdre son enfant, et encore son seul enfant ? Et qu’adviendra-t-il d’elle à l’avenir, quand elle n’aura plus la force de subvenir à ses besoins ?

Nous aurions peut-être aimé aussi que l’évangéliste nous rapporte les paroles du jeune homme une fois que Jésus l’a relevé de la mort. Qu’a-t-il pu dire ? Son étonnement ? Sa joie ? Son émotion de se réveiller et de revenir à la vie ? Mais l’intention de l’évangéliste n’est pas celle de faire un reportage, il se borne à mettre devant nos yeux un signe parlant pour notre foi, un témoignage de sa foi qui peut nous aider et nous encourager sur nos chemins de vie.

2. Chaque évangéliste a, en fait, sa manière propre et tout à fait particulière de présenter le message de Jésus. Qu’en est-il de saint Luc ? La tradition nous rapporte qu’il était médecin, de culture grecque et écrivant à l’intention d’auditeurs grecs. Il est le seul à nous rapporter ce récit de la résurrection du jeune homme de Naïm. De par son métier, il a dû être acculé plus d’une fois au mystère de la mort, à la limite que celle-ci pose à toute la science et à tout le savoir-faire médical d’une époque. Aussi ce récit a-t-il dû frapper son imaginaire de manière inoubliable !

Il n’est sans doute pas surprenant que saint Luc, de par son expérience, nous présente Jésus sous la figure du médecin divin : il ne passe pas à côté de la souffrance des gens, mais il s’en laisse émouvoir ; le deuil ne l’écrase pas ni ne le laisse sans réaction, mais il intervient dans le cours des choses ; il n’a pas peur de toucher la civière, mais s’approche au plus près. Et il a les paroles qui réconfortent et remettent debout, même un mort ! Cela est bien divin, comme Luc le souligne déjà en appelant Jésus « Seigneur » avant même le miracle. C’est le titre qui lui sera donné par les disciples après sa résurrection, et que saint Luc utilise plus que tous les autres évangélistes pour dire sa certitude que dans la vie, les actions et les paroles de Jésus, c’est bien Dieu qui est à l’œuvre et son royaume qui prend forme au milieu de nous.

3. Et nous aujourd’hui ? Nous pouvons d’abord recevoir le témoignage de saint Luc pour être fortifiés dans notre foi : Dieu est vraiment maître de la vie et de la mort. En ressuscitant son propre Fils unique, il a ouvert la vie éternelle à tous ceux qui croient en lui, et nous en sommes ! Peut-être l’image du médecin divin peut aussi nous toucher et apporter un « plus » à notre foi, en particulier si nous portons nous-mêmes ou nous retrouvons face à de grandes blessures de la vie. Là où nous ne voyons plus que faire ou que dire, Dieu n’est pas impuissant, mais il se tourne avec tendresse et attention vers tout homme qui a besoin d’aide. Il veut communiquer la vie en toute situation de mort et ouvrir un chemin d’espérance là où tout espoir semble perdu. Réconfortés par cette présence, nous pouvons alors soulager un peu la peine autour de nous, rendre l’espoir à ceux qui l’ont perdu ou du moins partager des situations humainement difficiles ou qui paraissent sans issue. La visite aux malades ou aux personnes en fin de vie, le soutien de proches qui portent un deuil, l’attention à tous ceux qui souffrent devraient faire partie de l’agenda de tout chrétien au même titre que la prière ou la messe du dimanche !

Demandons la grâce de Dieu, soutenons-nous et interpellons-nous mutuellement pour ne pas passer à côté des souffrances autour de nous et apporter un « plus » de vie, un rayon de soleil à ceux qui en ont besoin.

Rédigé par Webmaster Christ-Roi

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