Homélie du dimanche du Baptême de Jésus C - (Père Maurice Gilbert s.j.)

Publié le 13 Janvier 2013

bapteme Jésus vitrailLuc 3, 21-22

 

Comment ne pas penser tout d’abord à notre propre baptême, auquel fait allusion la seconde lecture tirée de l’épître de Paul à Tite. Être baptisé, c’est être plongé dans l’eau qui noie et en ressortir vivant, mais aussi dans l’eau qui nettoie et purifie (cf. Lc 12,50). Symbolique de l’eau, à laquelle Jésus se soumet avec son peuple : il a porté toutes nos iniquités et nous en a purifiés et rendus à la vraie vie. L’incarnation du Verbe de Dieu l’a poussé jusque-là.

 Ce fut le premier acte de sa vie publique. Baptisé « lors du baptême de tout le peuple » (plutôt qu’après le peuple), Jésus priait. Luc a souvent fait mention de la prière de Jésus, en particulier lors de sa Transfiguration (Lc 9,28-29) : Jésus est un homme de prière. Tandis qu’il priait, après être sorti de l’eau, « le ciel s’ouvrit ».

 

Nous assistons alors à une théophanie, une manifestation du Père et de son Esprit sur Jésus, le Verbe fait chair. Une telle manifestation a quelque chose de la vocation des prophètes et de l’envoi en mission. Ici, il s’agit de quelque chose d’unique.

Il y a pour commencer la manifestation « corporelle », dit Luc, de l’Esprit Saint « comme une colombe ». On ne sait pas exactement la signification de cette comparaison. La colombe est le symbole de la paix, de la douceur, de la blancheur sans tache. On pense, par exemple, à la colombe que Noé envoya à la fin du déluge pour s’assurer que la terre s’était asséchée (Gn 8,8-12) : comme la colombe de Noé, l’Esprit Saint annonce que les eaux ne tueront plus. On pense encore à l’Esprit qui, comme l’aigle agitant doucement ses ailes au- dessus de ses petits (Dt 32,11), voltige sur l’abîme des eaux primordiales (Gn 1,2) : il annoncerait alors que Jésus inaugure une nouvelle création.

Après le baptême de Jésus et tandis qu’il priait, l’Esprit Saint descendit sur lui et, si l’on peut dire, l’investit, comme le prophète du Second Isaïe qui reçoit l’onction de l’Esprit du Seigneur (Is 61,1) ou comme Moïse investi par l’Esprit du Seigneur pour conduire son peuple (Is 63,14).

Tandis que l’Esprit Saint descend sur Jésus, une voix se fit entendre du ciel : la voix du Père proclame, selon Luc, l’affirmation principale du Psaume 2 : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Le Ps 2 était utilisé lors de l’intronisation d’un nouveau roi sur le trône de Jérusalem. Ce jour-là, le Seigneur le reconnaissait proprement comme son fils ; ce jour-là, le nouveau roi était oint de l’hule sainte, ce qui signifie en hébreu translittéré en français qu’il était Messie. Dès lors, la voix céleste du Père proclame que Jésus est le Messie. Les Grecs ont traduit le mot par Christ, celui qui a reçu l’onction. C’est pourquoi nous appelons Jésus le Christ, le Messie, celui qui a reçu l’onction au moment même où sa mission publique commence.

Ainsi Luc nous fait entrer dans le mystère de la personnalité de Jésus. Le mystère qui unit Jésus à son peuple se manifeste dans sa prière. Luc nous révèle surtout la vie trinitaire. L’Esprit Saint fait de Jésus un artisan de paix. Avec lui, la nouvelle création s’instaure et, comme Moïse, c’est Jésus qui, par l’Esprit, guidera son peuple purifié de ses péchés.

Le Père, lui, le reconnaît comme son Fils, auquel il donne les pouvoirs du véritable Messie : Jésus est le Christ.

Telle est la théologie lucanienne du baptême de Jésus. À nous de la méditer dans la prière avec Jésus.

Rédigé par Webmaster Christ-Roi

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