Homélie du 7ème dimanche du temps ordinaire (Père Jacques Weisshaupt s.j.)

Publié le 19 Février 2012

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Frères et sœurs,

    Nous le savons bien, tout le cheminement des récits de l’Evangile de Marc est destiné à nous faire découvrir  progressivement qui est Jésus et quel est le sens de sa mission. Au cours des dernières semaines, nous avons fait la lecture presque continue du premier chapitre, et nous avons découvert Jésus qui annonce la Bonne Nouvelle, qui guérit des malades, qui prie, après avoir choisi ses premiers compagnons. Aujourd’hui, au début du chapitre 2, nous recevons la révélation de la personnalité et de la mission de Jésus grâce au récit de la guérison d’un paralysé : Jésus ne se contente pas d’être guérisseur, mais il veut rendre la santé à l’homme tout entier en pardonnant ses péchés, et même davantage, en le remettant debout, comme un ressuscité.
    Ainsi, aujourd’hui tout part de cette maison où se trouve Jésus. Comme nous sommes, nous aussi, dans une maison que nous appelons église ou chapelle… La parole de Dieu, en Jésus, résonne dans toute cette maison où il veut s’exprimer. Cette maison n’est pas étanche, elle ne se résout pas à l’exclusion : elle permet à l’homme infirme, avec ceux qui le portent, d’entrer, même si c’est par une ouverture insolite pratiquée dans le toit. Cela nous met devant la question : comment notre maison est-elle perméable à celles et ceux qui sont dehors et qui désirent trouver le Seigneur, l’entendre et se laisser guérir ?
    Cela ne se passe-t-il pas comme pour ces quatre hommes qui portent le paralytique et qui sont eux-mêmes portés et inspirés par leur foi ? Apprenons donc à voir dans nos propres vies quels brancardiers nous ont portés jusqu’à Jésus, nous ont amenés à croire en Dieu, nous ont aidés alors que nous ne savions pas marcher en confiance. Oui, apprendre à voir tous les brancardiers qui m’ont porté jusqu’à Jésus, qui m’ont amené vers Dieu, qui m’ont aidé quand je ne savais pas marcher.  Apprenons aussi à remercier Dieu quand, si souvent, nous nous sommes découvert être à notre tour des brancardiers, à tel moment de notre vie, pour le bonheur de tous. Fraternellement. Ne suis-je pas moi-même devenu brancardier à tel et tel moment de ma vie ? J’ai parfois connu ce bonheur et je veux le partager. Ainsi, Jésus voit notre foi. Son regard attentif nous met debout. De plus, cet évangile nous révèle tellement bien quelle relation Jésus veut nous offrir, à chacun de nous personnellement. Quand nous nous retrouvons infirmes et paralysés, Jésus ne nous réduit pas à notre maladie, il interpelle en profondeur celle ou celui que nous sommes, cet être unique qui porte un nom unique, enfant chéri à qui Dieu fait grâce : « Mon fils, - c’est bien ainsi qu’il appelle le paralysé - tes péchés sont remis ! ». Nos impasses égoïstes n’empêcheront pas notre Père du ciel de nous ouvrir un avenir, à la condition, bien sûr, d’entrer dans la dynamique de l’appel lancé par Jésus dès le début de l’évangile : « les temps sont accomplis, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Car le règne de Dieu s’est approché, l’accusateur, le désolateur, celui qui décourage et fait désespérer est neutralisé et vaincu : c’est l’amour miséricordieux de notre Père qui prend le pouvoir.
    C’est donc bien ce que nous révèle l’évangile : l’identité de ce Jésus qui déclare que nous sommes pardonnés, puisque Dieu seul peut pardonner les péchés. Jésus n’est-il pas cet être mystérieux, ce Quelqu’un qui vit dans l’intimité du Père et qui laisse l’Esprit d’amour, l’Esprit de Dieu habiter son cœur. Jésus habite la pâte humaine et est assoiffé de la justice de Dieu en se faisant ainsi proche, notre plus proche prochain ; il veut vraiment, en offrant, en déclarant le pardon, redonner à chacune et à chacun un avenir.  « Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi… » Jésus nous invite à demander cette grâce de porter dans nos prières et nos préoccupations aussi bien ceux que nous aimons que ceux que nous n’aimons pas encore, amis et ennemis, tous nos frères et sœurs qui vivent des conflits, près de nous ou au loin.
    De plus, Jésus a clairement été provoqué, mis à l’épreuve, piégé par l’attitude des pharisiens et de ceux qui se sont figés dans une justice pure et dure, fermée sur la nouveauté radicale du Christ : mais Jésus reste étonnamment libre ; il ne cherche nullement à se justifier. C’est tout le contraire : il nous montre ce que fait un pardon qui vient du fond du cœur, du cœur même de Dieu : ce pardon a le pouvoir de guérir et de remettre l’homme debout. A trois jours du Carême, disposons-nous à vivre la puissance de la réconciliation ! Le pardon de Dieu et, dans la même mouvance, le pardon fraternel ; c’est bien autre chose qu’une mise en règle ; le pardon est une authentique remise en route : « Lève-toi et marche ! » Nous pouvons aller de l’avant ; discerner la suite de la route sur laquelle Dieu nous fait avancer, davantage.
    En effet, Jésus révèle ici la force créatrice de Dieu : « voici que je fais un monde nouveau ! » Il crée pour chacun de nous, chaque jour, dans les méandres de nos cheminements incertains, la nouveauté radicale, celle de la bonté de Dieu pour tous, pauvres humains remis en route par pure gratuité. Laissons notre étonnement aujourd’hui se joindre à la foule qui a vécu le témoignage de Jésus à Capharnaüm : « nous n’avons jamais rien vu de pareil ! ».
    Dans l’Eucharistie qui nous porte aujourd’hui dans la foi, nous revivons la force de l’engagement de Dieu : Jésus traverse notre mort et donne sa vie. Nous rendons grâce pour tout ce que Dieu nous a donné de vivre de renouveau durant la semaine écoulée et tout ce qui est arrivé de beau dans le monde. Nous voulons aussi implorer l’Esprit de Dieu : qu’il inspire dans notre monde celles et ceux qui peuvent – dont nous-mêmes - aider à pardonner, à réconcilier, à partager, à pacifier, à soigner les multiples blessures qui ne cessent de surgir. Oui, l’Esprit du Seigneur habite les cœurs de tous les hommes de bonne volonté !

Rédigé par Webmaster Christ-Roi

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