Homélie 1er dimanche de l'Avent (père Josy Birsens s.j.)

Publié le 28 Novembre 2010

(Dimanche 28 novembre 2010, saint Matthieu 24,37-44)

 

1. Quand je partais en session de formation avec des jeunes chefs d’équipe pour préparer l’année, je leur demandais souvent de commencer par une phase de rêve et de fantaisie. Sans se préoccuper dans un premier temps des contraintes et difficultés éventuelles, ils pouvaient laisser libre cours à leur imagination pour des idées et projets que nous essayions ensuite de réaliser. Souvent, cette phase stimulait toute leur créativité et leur permettait d’engager des projets un peu fous qu’ils n’auraient jamais osé entreprendre autrement !

Le temps de l’Avent que l’Eglise nous propose chaque année est comme cette phase de rêve et d’imagination. Nous sommes invités à laisser monter les désirs les plus profonds de nos cœurs et à crier vers Dieu pour qu’ils puissent être réalisés. Un peu à l’image du texte d’Isaïe que nous venons d’entendre. Le prophète y voit des peuples nombreux affluer vers le mont Sion pour adorer le vrai Dieu, se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour en imprégner leur vie et agir en conséquence pour la paix et le bien-être, et non plus pour la guerre, la violence et tant de formes de cruauté.

Il est bon de nous laisser toucher par cette vision un peu utopique et de nous remettre à espérer dans un monde en crise à tant de niveaux, un monde où si souvent la violence, l’égoïsme et la jalousie meurtrière l’emportent sur le souci des autres. Dans ces rêves de paix et de justice, d’entente et de fraternité, nous préparons déjà le chemin à Celui qui vient et qui veut rassembler tous les hommes autour de la table du festin messianique.

 

2. Mais ce rêve, que nous pouvons faire à juste titre en nous appuyant sur la foi, ne va pas se réaliser tout seul. Il ne suffit pas de le rêver chaque année à nouveau comme un vœu pieux, puis de passer à autre chose. Avec des termes effrayants, un peu apocalyptiques, Jésus nous interpelle dans l’évangile à quitter l’insouciance d’enfants repus qui peut être la nôtre.

arche_noe.jpgSi notre attention aux signes des temps n’est pas plus grande que celle des gens du temps de Noé qui se laissaient vivre et ne voyaient rien venir, nous serons pris au dépourvu comme eux. Nous resterons aux champs ou au moulin, dans nos bureaux ou à la maison devant nos ordinateurs, alors que notre voisin(e) n’a pas manqué le rendez-vous et se retrouve au festin messianique avec Jésus revenu parmi nous.

Se tenir prêt et veiller, c’est garder une certaine distance par rapport à notre vie et à la vie du monde pour pouvoir y reconnaître des signes de la présence ou de la venue du Christ parmi nous. Car le royaume naît et grandit de manière presque imperceptible, comme dans l’invisible, et nous sommes appelés à devenir des sentinelles de l’invisible. Donc des hommes et des femmes qui ne perdent pas de vue leur destinée première, qui régulièrement font le point pour vérifier que leur manière de vivre respire l’évangile et qui s’interrogent sur les traces de Dieu dans leur vie. Des frères et sœurs ouverts aux autres, capables d’accueillir ceux qui ont faim et soif, sensibles à la dimension spirituelle et au partage.

 

3. Cette vigilance s’impose d’autant plus que les ténèbres nous guettent et que nous sommes familiers, particulièrement en notre temps, des obscurités du cœur humain et du monde. Nous risquons trop facilement d’adopter des attitudes et manières de faire de la culture ambiante qui ne sont pas évangéliques et de nous cantonner dans une pratique de la foi peu inventive et minimaliste. Or la paix, la justice et le partage sont en urgence d’incarnation ! Il est impérieux, dès lors, de rejeter les activités des ténèbres, comme le dit saint Paul, et de mener le bon combat de la lumière qu’a apportée Jésus. A chacun de réfléchir quelles sont les ténèbres de son cœur et quel point pourrait être celui d’un combat pour incarner davantage l’évangile pendant ce temps de l’Avent.

N’attendons donc pas, comme l’exprime notre devise pour cet Avent. Sortons de notre nuit pour rejoindre la lumière de l’évangile et approcher celle de la nuit de Noël. Car le Seigneur se tient à notre porte et frappe pour y entrer et nous combler de son amour.

Rédigé par Webmaster Christ-Roi

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