Homélie du 26e dimanche du temps ordinaire (Père Jacques Weisshaupt s.j.)

Publié le 29 Septembre 2008

 

Dans la vie, nous sommes souvent incohérents…

On dit : Oui, il faut absolument bouger, faire du sport, sortir, faire du jogging, c’est bon pour se sentir bien dans sa peau… Oui. Et dans les faits, je n’ai pas eu le temps, il y a eu d’autres priorités… et je suis toujours aussi casanier.

On dit : Oui, il faut absolument que je perde ces kilos accumulés l’hiver dernier… Oui, je vais suivre un régime… et, en fait, je n’en ai rien fait…

Et dans notre vie de prières ?

 

Nous sommes habitués à dire lors de nos célébrations « amen » « ainsi soit-il »… Ce qui veut dire, qu’en parole, nous disons à Dieu : oui, je suis d’accord avec ce qui vient d’être dit ou lu : je le fais mien.

 

Dans l’évangile d’aujourd’hui, c’est la réponse du deuxième fils à son père, qui lui demande d’aller travailler à sa vigne. Oui, a-t-il dit ! mais il n’y va pas… sa réponse positive tombe dans le vide…

 

Que de fois ne nous arrive-t-il pas de dire Oui  à Dieu … sans que nous fassions le moindre geste concret, sans remuer le petit doigt.

L’Evangile nous demande qu’il soit mis en pratique, évidemment. Oui, mais… qu’en faisons-nous ?

 

Souvent, on peut avoir mis l’accent sur le comportement moral, sur la valeur et les enjeux des actes que nous posons. Mais, en nous centrant sur ce qui est permis et ce qui est défendu, et nous faisons des comptes au bilan négatif ; nous sommes coupables, nous culpabilisons.

 

Ce que nous rappelle Jésus, c’est : « Il ne suffit pas de dire, Seigneur, Seigneur ! (c’est à dire de formuler des prières) pour entrer dans le Royaume des cieux, pour comprendre et avoir vraiment le goût de l’évangile dans nos vie.             Jésus continue : « Il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ».

En effet, il ne sert à rien de dire « oui » à Dieu dans la prière si cela n’a aucune conséquence dans notre manière d’agir.

 

Mais, ce qui nous arrive souvent aussi, heureusement !,c’est que, devant une invitation, une demande, une requête, nous sommes pris de court, cela nous dérange, cela nous gêne, nous reculons et nous disons « non », mais ensuite, après un temps de réflexion, notre refus se décante en nous et nous nous reprenons et nous accomplissons ce qui nous a été demandé, même si c’est parfois un peu à contre-cœur…

 

Quelle leçon en tirer ? D’abord, que l’évangile, le climat évangélique, d’une vie, n’est pas déterminé par notre capacité à réciter par cœur un savoir, des dogmes, une doctrine, une philosophie articulée… Nous le savons bien, l’Evangile, la bonne nouvelle, c’est Jésus de Nazareth, sa vie, sa présence, son mystère d’amour. N’oublions jamais que ce que Jésus nous demande en premier lieu, ce n’est pas de faire de beaux discours à son sujet. Il nous donne, non la lettre, mais l’Esprit, son Esprit d’amour qui le rend présent dans notre vie, particulièrement dans notre communauté qui célèbre, et qui « fait ceci en mémoire de Lui »… Jésus Christ nous invite ainsi à l’accueillir et à répondre à son amour, à nous engager concrètement dans ce chemin d’amitié avec lui – parfois aussi un chemin de croix – en sorte que cette amitié, cet enthousiasme pour Jésus Christ imprègne d’une couleur d’évangile toute notre manière d’agir.

 

Dans l’Evangile, les pharisiens et les docteurs de la loi sont ceux qui sont devenus orgueilleux, justement parce qu’ils veulent s’appuyer entièrement et exclusivement sur le bilan positif qu’ils se donnent, puisqu’ils connaissent et observent les plus petites ordonnances de la Loi. Ils font de leur piété la mesure de tout, et donc aussi le critère pour faire partie de la communauté. Or, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus fait entrer en scène « les publicains et les prostituées » qui, dit-il aux chefs des prêtres et aux anciens, les « précèdent dans le royaume de Dieu ». Ceux et celles qui sont exclus de la communauté juive, qui sont aux bans de cette société sont préférés aux notables, au clergé, aux gens bien vus de la société. C’est un peu caricatural, non ? Pourquoi Jésus parle-t-il ainsi ?

 

Parce que les prêtres et les anciens en sont arrivés à ce point qu’ils s’imaginaient être des justes en disant « oui » à la Loi. Ils disent, sûrement. Mais ce que Jésus leur reproche, c’est qu’ « ils disent, mais ne font pas ! » Ils construisent même une barrière entre eux et Jésus, lui qui fait bon accueil aux publicains et aux pécheurs et qui mange à leur table… Lui qui a choisit le collecteur d’impôts Matthieu pour disciple. Car, les publicains et les prostituées, eux, venaient vers Jésus.

 

Donc, par leur vie peu conforme à la Loi, ils semblaient dire « non » à Dieu.

Et pourtant, rappelle Jésus, par leur cœur, ces gens avaient une soif immense de l’amour que Jésus leur donnait. C’est donc avec eux, qui l’accueillaient, que Jésus pouvait faire son travail de Sauveur. En fin de compte, ce sont eux, ces brebis perdues de la maison d’Israël, qui ont dit oui : elles se sont laissé aimer.

Apprenons donc d’eux à nous décider à dire un oui véritable à Jésus en osant nous mettre à aimer, à guérir, à rencontrer, à pardonner, à partager, à « passer comme Jésus en faisant le bien ».

 

Evitons de juger les autres à partir de nos propres systèmes de valeurs religieux et moraux. « un tel ne plaît sûrement pas à Dieu ! »

 

Faisons confiance à Dieu qui nous donne toujours le temps de revenir sur un refus initial, parce que peu à peu nous faisons l’expérience transformante de l’amour dans notre histoire, une bonne nouvelle, une histoire d’amour !

Rédigé par webmaster (p.m.)

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