Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire (Père Vincent Klein s.j.)

Publié le 26 Septembre 2008

Chers frères et sœurs,

 

Soyons sérieux : un pareil Evangile, c’est une recette idéale pour faire faillite. On se croirait presque au temps du communisme : peu importe la productivité, tout le monde reçoit le même salaire.  Alors, vous pourrez me dire que l’Evangile, c’est bien, mais le milieu des affaires, c’est un monde de loups. Ce qui compte, ce sont les résultats financiers et la compétitivité. Appliquer les principes évangéliques, c’est du suicide !

 

En fait, le maître de la parabole est-il juste ? Non, si on regarde le salaire de manière comptable et qu’on parle de rétribution juste. D’un autre côté, on ne peut rien lui reprocher, il a respecté le contrat qu’il avait avec les premiers, ceux qui réclament. Le problème vient de celui qui récrimine. Le maître est attristé et le reprend vivement : « Vas-tu regarder avec un œil mauvais, parce que moi je suis bon ? » La jalousie, l’esprit de comparaison, de rétribution comptable, aveugle les ouvriers de la première heure. Et là réside à mon avis le cœur du problème et du message de cette parabole. Les ouvriers de la première heure ne voient pas que le maître n’agit pas selon leurs mérites, mais dans un esprit de gratuité et d’accueil. Autrement dit, regarder dans l’assiette du voisin nous empêche d’apprécier le don qui nous est fait à nous, l’amour qui s’y révèle et surtout d’accéder à la source du don. Pourquoi ne sont-ils pas habités par un « merci » et le fait que tout le monde peut trouver sa place dans la vigne du Seigneur ? En théologie, on dirait que la grâce de Dieu n’a aucune commune mesure avec nos mérites, ce que nous faisons pour les autres et même pour Dieu. Nous sommes ici assez proches de la Parabole de l’enfant prodigue avec la jalousie du frère aîné ou bien avec la femme à qui il est beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé et d’autres textes  encore. Nous comprenons l’intention de l’Evangéliste Mathieu, apôtre des juifs convertis : le peuple d’Israël est le premier élu, mais est-il prêt, ou autrement dit, les communautés de juifs qui suivent le Christ sont-elles prêtes, à accueillir les nouveaux convertis, venus du monde païen ?

 

Mais cette parabole est bien sûr valable pour nous aussi. L’année académique commence et il y a beaucoup de nouvelles figures dans notre communauté. Comment sont-elles accueillies ? Est-ce que nous nous laissons interpeller par les nouveaux dans notre pays, nos communautés, notre classe ou au  travail ? Est-ce que nous acceptons qu’ils nous bousculent, nous interpellent et ainsi nous fassent avancer ? Nous attendons souvent des nouveaux qu’ils s’intègrent. « À eux de bouger, nous, nous faisons comme toujours », disons-nous souvent.

 

Nous le voyons, l’Evangile nous invite aujourd’hui et en ce début d’année à un changement d’attitude, un effort d’accueil de l’autre, des autres, des nouveaux, mais aussi à ouvrir nos yeux et nos cœurs pour voir en Dieu la source de tout don. Son amour pour nous est gratuit. À nous de nous engager gratuitement à sa suite parce que Lui d’abord nous a aimés gratuitement. AMEN.

Rédigé par webmaster (p.m.)

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