Homélie de la veillée de Pâques 2008(Père Jacques Weisshaupt)

Publié le 23 Mars 2008

 

maries-copie-1.gifMatthieu 28, 1-10                                                                 

 

            Les récits de la résurrection fixent la résurrection du Seigneur à l’aurore du premier jour de la semaine, le dimanche actuel. L’évangile nous rappelle ceci : toute création, la première, que nous avons entendue dans la première lecture, le récit des sept jours de la Genèse, et, comme aujourd’hui, la nouvelle création, la résurrection, qui surgit dans la vie donnée de Jésus de Nazareth, oui, toute création se passe au premier jour de la semaine et marque un nouveau commencement !

            Ce qui est frappant, dans ce récit de saint Matthieu,  c’est qu’il laisse apparaître combien il est presque impossible de rapporter le phénomène de la résurrection avec des mots humains et selon des critères scientifiques d’historien : l’évangéliste recourt à un style qui échappe et qui prend un caractère que l’on appelle ‘apocalyptique’, lié à la fin et au sens de toute l’histoire humaine et de toute histoire humaine.

            Matthieu décrit la résurrection dans un contexte qui rappelle la mise en scène grandiose  des théophanies et manifestations de Dieu dans l’Ancien Testament : ainsi,  il est question de tremblement de terre, de l’ange qui descend du ciel (alors que Luc et Marc parlent seulement d’un « homme »), de la terreur et de l’effroi des gardes qui deviennent comme morts, de la blancheur de l’ange, le messager de Dieu  (cf Gen 22, Ex 3, …) . En utilisant ainsi les clichés des miracles bibliques, Matthieu montre que la résurrection n’est pas une simple survie ou une immortalité spirituelle, mais un acte authentique de Dieu, dans la ligne de ses interventions pour secourir le peuple d’Israël, un acte de nouvelle création.

            L’essentiel du message de l’ange – en fait Dieu ! - réside dans ce rappel crucial :

la résurrection s’est bien  déroulée « comme Jésus l’avait dit ».

En effet, lors de sa montée à Jérusalem, il avait non seulement annoncé sa mort, mais encore sa résurrection « au troisième jour » (Mt 20, 17-19).

            Enfin, Matthieu fait de la Galilée et son ouverture à l’universalité de tous les peuples, le centre des apparitions.

 

Dans les récits de la résurrection du Christ, les évangélistes sont extrêmement sobres de détails.

Aucun d’eux ne décrit ni ne raconte la résurrection. Pourquoi ? Sans doute parce que la résurrection du Christ n’est pas un fait historique au sens normal du mot… : elle ne répond pas aux critères du fait historique, aucun témoin n’y a participé.

 

Pourtant, il y a ces deux femmes, Marie de Magdala et l’autre Marie…prises dans le séisme du tombeau ouvert, de la pierre roulée !

Sans doute, à l’époque, le témoignage des femmes n’était guère recevable ni considéré comme fiable dans le monde juif  ; on ne leur reconnaissait pas la capacité juridique de témoigner (Flavius Josèphe, historien juif du premier siècle).

            Cependant, les évangélistes font grand état du« témoignage » de ces femmes-disciples, à la croix et à la tombe, comme aussi au matin de Pâques : elles sont là même quand les disciples masculins se sont enfuis. Leur fidélité  est exemplaire! Etre fidèle, c’est être là, sans faille. Et elles sont là, elles regardent, comme si elles représentaient tous les croyants. Et c’est elles qui devront dire aux disciples qu’ils verront le Ressuscité.

            Ainsi, par leur fidélité, leur présence fidèle, elles assurent la continuité entre la croix et le tombeau fermé, puis le tombeau ouvert du message pascal, la continuité de l’amour !

Elles sont les dernières à regarder. Elles sont les premières présentes à ce tombeau au matin de Pâques.

Cela marque bien la continuité. Avant le grand sabbat, le regard des femmes se porte sur la pierre fermant le tombeau, au lendemain du grand sabbat, elles revoient cette même pierre roulée.

Pourquoi des femmes ont-elles été les premières averties et les premières porteuses du message pascal ? Elles voulaient rendre un dernier service à Jésus. Et les voici dépouillées de leur dévouement lui-même ; elles sont invitées à regarder et à voir. La foi chrétienne, notre foi aujourd’hui, a besoin, ici et maintenant, de leurs yeux et non de leurs mains… Car elles ont vu la pierre roulée, le tombeau béant…

 

Oui, la foi a besoin de leur langue et de leur parole irrésistible. Car ces femmes sont placées à la délicate jonction entre le regard (voir) et la parole (dire). L’expérience première et unique qu’elles sont en train de vivre, elles vont avoir à en porter l’annonce ; elles sont en fin de compte les premières messagères de la résurrection, du message de vie par excellence.

 

Ainsi, leur fidélité réelle débouche sur un appel et un envoi dont l’évangile d’aujourd’hui dit toute la portée (Matthieu 28,5 ) : « Soyez sans crainte, vous. Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, allez dire à ses disciples : « Il est ressuscité des morts », et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit » .

 

Loin de garder le silence, les deux Marie, associant la crainte religieuse et la joie pascale, courent annoncer le message aux disciples et sont aussitôt les bénéficiaires de la première rencontre avec le Ressuscité :  Jésus, le Christ, va les envoyer lui-même en mission auprès de ses « frères ». Ces deux femmes disciples, ayant fait preuve d’une fidélité jusqu’au bout, sont invitées à voir, puis à parler, en étant témoins du Seigneur Ressuscité devant lequel elles se sont prosternées avec foi (cf. Matth. 28,17). Elles ont ainsi un rôle nécessaire de relais pour annoncer aux « frères », et donc aux communautés, le message pascal. Ce soir, chacun de nous, après Marie de Magdala et Marie, nous sommes invités à prendre le relais des témoins de la résurrection du Christ ! La fin de l’évangile de Saint Matthieu nous le répète : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit … et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Matt. 28,20).

 

 

Rédigé par webmaster

Publié dans #Homélies

Commenter cet article